S’AFFRANCHIR DU GENRE ?

S’AFFRANCHIR DU GENRE ?

Moi : L’annonce dit : « Dans un élan vital, cinq actrices ou acteurs sont les héros ou héroïnes, dieux ou déesses de l’Iliade et l’Odyssée. Affranchi.e.s de la question du genre et armé.e.s de force, de ruse et de courage, ils.elles s’élancent gaillardement dans la quête très humaine du dépassement de soi. »

La Marquise : Je me suis laissé dire que le spectacle est excellent.

Moi : Je n’en doute pas, mais je continue à lire : « C’est cela que veut nous faire entendre la jeune metteure en scène UneTelle, etc. »

La Marquise : Vous persiflez, mais la metteuse en scène (on dit bien prometteuse, ce me semble ?) se nomme Pauline Bayle.

Moi : C’est touchant, ces efforts pour que le féminin perde son statut d’infériorité grammaticale — autrement dit, « s’affranchir de la question du genre ».

La Marquise : J’en conviens, tout comme notre Fidèle Lectrice, il y a une sorte d’hypocrisie à s’affirmer « féministe » à l’écrit, en s’interdisant de le faire à l’oral. Essayez de dire : « Affranchi.e.s », pour voir.

Moi : Peut-être qu’on se trompe de cible. Il est certes comique d’entendre Lucien Attoun dire « Prenez tous un crayon ! » en s’adressant à 35 filles et à un seul garçon (si, si, c’était dans un de ses cours de théâtre à Censier). En revanche, il me paraît plus grave d’empêcher les filles de prendre la parole dans un amphi, comme je l’ai vu faire systématiquement par mes étudiants, du temps que j’étais professeur.

La Marquise : Il faudrait peut-être préciser ce qu’est cette prétendue « infériorité grammaticale ».

Moi : Je ne vous le fais pas dire. Nous y reviendrons certainement.

1 Commentaire
  • Etchebeheïty
    Posted at 16:47h, 06 février Répondre

    Quand j’étais adolescente, cette règle du masculin qui l’emporte sur le féminin donnait l’occasion d’aiguiser nos facultés de répartie contre les garçons qui s’en vantaient. C’était un sujet de plaisanterie ! Il ne me serait jamais venu à l’esprit de me sentir humiliée, il en aurait fallu un peu plus ! C’était le bon temps, celui d’avant la vague des redresseuses de torts grammaticaux !

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