QUI ÉTAIT BERRYER ?

QUI ÉTAIT BERRYER ?

— Un illustre avocat, mais totalement réactionnaire.

— Comment cela ? demande la Marquise.

— Jugez vous-même : il est né avec la Révolution française (1790) mais il a traversé le XIXe siècle en légitimiste, c’est-à-dire en royaliste pur et dur.

— Il a dû être satisfait à la Restauration ?

— Sans aucun doute, mais il n’acceptait qu’un roi de la lignée directe de Louis XVI et personne d’autre, si bien qu’il fricotait avec Châteaubriand et s’est trouvé dans l’opposition à partir de 1830, ce qui lui a valu quelques séjours derrière les barreaux (sans jeu de mots). Mais il mettait aussi un point d’honneur à défendre ceux qui étaient menacés par le régime, quel qu’il fût — parfois même gratis quand ils étaient pauvres. Il a défendu les généraux Ney et Cambronne (qui n’étaient certes pas pauvres) après leur défaite. Il a même défendu Louis-Napoléon (le futur Napoléon III) quand il s’est fait prendre après son coup d’Etat manqué de 1840. Ça ne l’a pas empêché de réclamer (en vain) l’arrestation de ce même Louis-Napoléon dix ans plus tard, lors de son coup d’Etat réussi.

— Si je comprends bien, c’était un homme de droite, qui avait de la morale ?

— Vieux débat : les défenseur des opprimés sont-ils toujours de gauche ?

Pour l’anecdote, ce brillant avocat a sa statue au Palais de Justice de Paris dans la salle des Pas perdus. À ses pieds, les allégories de la Justice et de l’Eloquence, qui ont l’air de l’écouter plaider. Détail amusant, l’Éloquence a le pied gauche posé sur une tortue. Veut-elle signifier par là que la brièveté est la mère de l’éloquence ?

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