PIERRE HANTAÏ

PIERRE HANTAÏ

Pas plus tard qu’hier, l’immense musicien Pierre Hantaï se produisait en concert à Mains d’Œuvres à Saint-Ouen. Comme disait Goethe, « J’y étais ! », et je vous assure que cela valait le déplacement.

— Vous auriez dû me prévenir, dit la Marquise. J’adore le clavecin. J’imagine qu’il a sorti le grand jeu : Antonio de Cabezon, Frescobaldi, William Byrd et Bach ?

Moi : Et même le jeune Couperin avec ses partitions invraisemblables.

La Marquise : Mais quel rapport avec la prise de parole en public ?

Moi : Ce grand modeste avait compris que son public n’était pas familier de son instrument. Aussi, avant de jouer, il se fit pédagogue et expliqua en quelques mots la particularité du clavecin. Il eut recours à une image inattendue : « Un clavecin, c’est comme une grande guitare, dont on joue avec un clavier. »

La Marquise : Très habile en effet, car on croit généralement que le clavecin est une sorte de préfiguration du piano, donc un instrument imparfait, alors qu’il n’en est rien. C’est un instrument achevé.

Moi : Du coup, l’auditeur comprend immédiatement la raison de sa sonorité si particulière : ses cordes sont grattées (comme sur une guitare) par des très petits « plectres » et non pas frappées par des « marteaux » comme sur un piano. C’est le type même de la métaphore « heureuse », car fondée sur une image concrète.

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