FAUST A-T-IL LU HAMLET ?

FAUST A-T-IL LU HAMLET ?

— J’en doute, dit la marquise. Il a vécu longtemps avant Shakespeare — à supposer qu’il ait vraiment vécu. En revanche, Goethe a sûrement lu Hamlet. Mais il ne me semble pas que, dans Faust, il soit le moins du monde question du lamentable prince de Danemark.

— Il n’en est aucunement question, ni dans le Premier, ni dans le Second. Alors, imaginez ma surprise lorsque, au beau milieu du Second Faust au Châtelet (décidément, je fréquente beaucoup le Châtelet ces temps-ci), j’entends le brave docteur Faust déclarer (en anglais) :

« Doute que brûlent les étoiles du ciel

Doute que se déplace le soleil

Doute de la vérité même

Mais ne doute pas que je t’aime. »

Je pousse ma voisine du coude et lui sussure à l’oreille : « C’est incroyable ! Il est en train de déclamer la lettre d’Hamlet à Ophélie. C’est le texte que je lisais au roi et à la reine quand je faisais Polonius ! » D’ailleurs, j’aimais bien ce moment parce que le metteur en scène m’avait bien recommandé de ne pas l’apprendre par cœur, pour avoir l’air vraiment surpris en lisant la lettre.

Moralité ! Notre ami Robert Wilson en prend vraiment à son aise avec le texte. Non seulement il en coupe la moitié, mais il en rajoute !

— Est-ce qu’il a tort ?

— Je ne crois pas, parce cela a beaucoup de gueule ! Surtout quand l’inénarrable Méphistophélès (Christopher Nell) lui répond par une réplique du genre : « Pas de doute, c’est vraiment de l’amour ! Ce type est incurable ! »Un dernier détail : sur la photo, est-ce Fabian Stromberger dans Faust ?

— Bien sûr que non ! C’est moi en train de lire la lettre d’Ophélie, dans Hamlet. Parce que les acteurs du Berliner Ensemble, vous pouvez les voir dans toutes les gazettes, tandis que ceux des Mille Chandelles, c’est plus rare.

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