ENCORE TCHÉKHOV

ENCORE TCHÉKHOV

— En regardant cette belle brochette d’acteurs jouer Oncle Vania au théâtre du Vieux-Colombier, je me suis fait la réflexion qu’il était souvent difficile de faire la distinction entre parole privée et publique.

— Décidément, vous avez l’air d’apprécier ce vieux Russe bavard ! dit la Marquise.

— Ne vous moquez pas des classiques ! Vous seriez vous-même tout-à-fait à votre place dans ces discussions sans fin entre bourgeois de province qui traînent leur ennui.

— Vous voulez dire : dans ces éternels repas de famille qui tournent au psychodrame ?

Moi : Peut-être… D’ailleurs, je déteste le théâtre naturaliste.

La Marquise : Je le sais, vous préférez les masques ridicules, Arlequin et Pantalon.

Moi : En installant la grande table et les chaises (et les assiettes et les verres et les bouteilles) au milieu des spectateurs, ils nous donnaient l’impression d’être les voisins indiscrets.

La Marquise : Et ?

Moi : Ils réussissaient le tour de force de jouer des personnages quotidiens (l’oncle insupportable, le professeur cuistre, la fille timide) jouant la tragédie de leur vie de province.

La Marquise : Donc ?

Moi : Ils le faisaient avec un tel brio que l’on comprenait que, dans la vie quotidienne, nous jouons sans cesse — généralement très mal — des personnages de théâtre.

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