UNE RHÉTORIQUE RELATIVISTE

UNE RHÉTORIQUE RELATIVISTE

Les journalistes font déjà des gorges chaudes de la formule « en même temps » chère au nouveau président de la République, sorte de fil conducteur rhétorique de son grand discours devant le congrès du parlement à Versailles.

Il est vrai que nous n’étions pas habitués à ce genre de formule qui relativise les problèmes. Depuis plusieurs siècles, nous entendions surtout des « Nous avons la solution ! » avec les résultats que l’on sait — sans parler des fanatiques qui, par définition, n’ont que des solutions radicales.

C’est comme si, en ce qui concerne l’orthographe, nous disions : « Il faut absolument la réformer, mais en même temps, il faut lui conserver un statut d’autorité, donc de fixité », comme l’observe judicieusement notre fidèle lectrice du billet précédent. Il nous faudra donc pas mal d’imagination pour y parvenir. Cela me rappelle la formule de Maurice Thorez que feu mon maître Pierre Vidal-Naquet aimait à reprendre : « Retroussons nos manches ! »

Les esprits chagrins disent qu’avec une telle rhétorique, Macron « ratisse large », comme il en a fait la preuve pendant la campagne électorale. Les autres diront peut-être : « Tiens, voici un homme qui prône une sorte de juste milieu en politique. C’est sans doute très difficile à tenir, mais cela permettra d’éviter pas mal d’écueils. »

— Moi, dit la Marquise, j’ai surtout aimé quand il a dit, à l’extrême fin de son discours : « En chacun de nous, il y a un cynique qui sommeille, et c’est en chacun de nous qu’il faut le faire taire. » Ce cynique, c’est la petite voix qui nous dit, à chaque tentative de réforme : « De toute façon, cela ne marchera pas ! »

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