12 ÉLÈVES PAR CLASSE AU CP (ORTOGRAFE 2)

12 ÉLÈVES PAR CLASSE AU CP (ORTOGRAFE 2)

Sapristi ! s’exclame la Marquise, les enfants ne sont pas encore en vacances et vous nous parlez déjà de la rentrée des classes.

Moi : Ce n’est pas moi, c’est le nouveau ministre de l’Éducation nationale qui a annoncé à son de trompette, que les classes de CP en ZEP ne dépasseraient pas des effectifs de 12 élèves, comme promis par le candidat Macron.

La Marquise : J’applaudis des deux mains ! Mais il paraît que certains enseignements se sont déjà mis en grève contre cette mesure, si j’en crois Médiapart. Un comble !

Moi : Alors, j’en profite pour remettre sur le tapis la question de l’orthographe, qui reste un fameux cailloux dans la chaussure de la plupart des élèves (et de leurs parents).

La Marquise : Avant les élections, vous avez écrit dans ce blogue que l’orthographe française était une sorte de religion. Or, je connais votre anticléricalisme viscéral. Qu’est-ce donc à dire ?

Moi : Oui, une religion dont les prêtres sont les instituteurs et la cérémonie principale, la dictée. C’est d’ailleurs plutôt un rite d’initiation, dont les survivants feront (peut-être) partie de l’élite de la nation.

La Marquise : Quant aux perdants, ils porteront en lettres rouges sur le front l’inscription : « NUL EN ORTHOGRAPHE » qui les désigne à la vindicte.

Moi : Mise à mort sociale qui se pratique dès l’école primaire, bientôt en maternelle paraît-il.

La Marquise : Excellent moyen pour fabriquer d’un coup de règle quelques millions de perdants (résignés, hélas !) ou de frustrés (agressifs, Ouaiche ! Sapristi ! faut-il écrire Wesh ?). Mais, si on accepte une orthographe phonétique, comme vous semblez le souhaiter, chacun pourra écrire comme il le veut ? Les instituteurs ne pourront plus ôter de points pour les fautes ?

Moi : Ah ! La jouissance de retirer des points pour l’orthographe ! Il faut l’avoir vécue pour la comprendre. Le sourire ravi des collègues qui annonçaient fièrement qu’ils avaient collé -30 points, ou -40, à un élève.

La Marquise : Mais s’ils ne font plus « faire » de dictées, ils vont perdre le goût du métier !

Moi : Que non, ma chère ! Bien au contraire ! Ils vont pouvoir enfin consacrer tout leur temps et leur imagination à la pédagogie, pour éveiller nos chers petits au monde et à ses merveilles.

La Marquise : Un rêve ! Mais, revenons à notre sujet, je vous prie : Faut-il donc réformer notre orthographe ?

Moi : La question n’est (hélas !) plus : Faut-il réformer ? mais : Comment réformer ?

La Marquise : Voulez-vous dire que le mal est irréparable ?

Moi : Il est réparable, mais il ne faut plus tarder, sans quoi, la France pourrait finir par ressembler à l’Égypte des pharaons avec ses scribes qui écrivaient carrément une langue étrangère.

La Marquise : Ou bien à l’Europe du Moyen Âge où seul le latin était légitime (vous êtes d’ailleurs intarissable sur ce sujet, paraît-il).

Moi : C’est vrai, c’est le leitmotiv de ma Renaissance pour les nuls (en vente dans toutes les bonnes librairies).

La Marquise : Je suis convaincue. Donc, comment nous y prendre pour ne pas déclencher une révolution ? Parce que je connais pas mal de monde qui ne l’entend pas de cette oreille.

Moi : C’est bien le danger : il faudrait éviter que la réforme salutaire et démocratique de l’orthographe que nous souhaitons provoque une sorte de « manif pour tous » qui bloque toute perspective de changement.

La Marquise : À propos de vindicte, rappelez-vous les ricanements de la presse en janvier dernier, lorsque la ministre de l’Éducation nationale de l’époque avait fait une « faute d’orthographe » sur le livre d’or d’une école de gendarmerie.

Moi : Qu’avait-elle donc écrit ?

La Marquise : « professionalisme » au lieu de « professionnalisme » avec deux n !

Moi : Heureux qu’elle n’ait pas été fouettée en public, ou du moins coiffée du bonnet d’âne ! D’ailleurs, la preuve que l’orthographe est une religion, c’est qu’on dit une « faute » d’orthographe.

1 Commentaire
  • Etchebeheïty
    Posted at 16:49h, 02 juillet Répondre

    Pour une fois, je ne suis pas d’accord ! J’aime nos vieilles règles d’orthographe, leurs archaïsmes et leurs aberrations. Il m’arrive, par étourderie ou par ignorance de commettre quelques fautes. J’en suis profondément confuse si je m’en aperçois et j’en ressens une grande humilité salutaire ! Par ailleurs, si de nouvelles règles sont établies, il y aura encore le risque qu’elles ne soient pas respectées. Faudra-t-il donc écrire comme cela nous chante ? Et l’unité nationale, alors ! Gardons nos vieilles règles et acceptons qu’un peu de fantaisie surprenne parfois le lecteur indigné !

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